Get out, Andrew!

Blue Jeans! C’est fou comme j’aime ce magasin! Je suis capable de passer des heures là-bas à dépenser mon argent dans le Jukebox ou dans des vinyles. Ce qui est bien, c’est qu’on peut en écouter et le propriétaire me connaît tellement bien et connaît tellement ma famille qu’il a toujours dis que je faisais hommage à Elvis! C’est une personne que j’adore et pour qui j’ai beaucoup d’estime. Selon lui, je deviendrai la prochaine Marilyn Monroe, paraîtrait que je lui ressemble. De toute façon, lorsqu’il y a personne, on s’amuse à faire du karaoké. Malgré son âge, je m’entends bien avec lui et on s’amuse à se raconter des péripéties, chanter du Elvis à tue-tête. Notre rituel est dès que j’entre dans sa boutique, je dois deviner la chanson qu’il fredonne et il me laisse une chanson du Jukebox gratuite. Autrement, on s’éclate quand même. Aujourd’hui, il est pas là. Il m’avait dis qu’il devait aller à l’extérieur de la ville pour voir un médecin. J’ai pas osé questionner mais il m’a dit qu’un charmant jeune homme allait s’occuper de l’endroit. Bon, ok. Mais je veux quand même m’acheter le Best of d’Elvis!

J’entre puis je salue gentiment le remplaçant du jour. Je prends un des vinyles que j’installe dans le radio puis je prends les écouteurs et je commence à bouger légèrement sous le rythme de la musique. Je ferme les yeux et je m’emporte, ça y est je suis une star internationale sur une scène à New York City… Je fredonne les paroles, mes bras s’élèvent dans les airs et je bouge mes hanches. Ma jupe blanche dessine parfaitement les mouvements, j’aime que trop passer du temps avec mes fans, les journalistes. Puis j’ouvre les yeux.

Kelsey- AAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!

Un cris strident sort de ma bouche, de quoi rendre sourd mon interlocuteur. Merde! C’est quoi cette plaisanterie! J’ai failli faire une crise cardiaque à vingt ans! Le gars… Le mec de … du boulot! Celui qui veut à tout prix me connaître et que je veux rien savoir puisque j’ai déjà un fiancé. D’ailleurs, il est où qu’il lui botte les fesses? J’ai tellement eu peur, je ferme les yeux doucement puis des larmes coulent. J’ai eu vraiment trop peur. Je replace le casque d’écoute à son endroit initial. Je tire sur mon débardeur rose puis je m’éloigne. Je vais fouiller dans les vinyles, je ne veux même pas le voir! Parce que je sais que je vais m’attacher et ça, faut pas. Je dois avoir d’yeux que pour mon fiancé… Ou pas en avoir pour personne. Ça serait déjà ça… J’dois passer le reste de ma vie avec lui, autant m’habituer maintenant. Je le vois qui s’approche, je m’éloigne. Je veux pas le connaître. Je relève mon regard vers lui…

Kelsey- Dégage.

C’était innocent sortit de ma bouche. Je veux qu’il s’en aille, qu’il ne me parle pas, qu’il s’approche pas. Je veux aller ailleurs. C’était méchant aussi dans le sens où je lui avais ordonné ça mais c’était pour me protéger. Je soupire doucement puis je rejoins le karaoké. Je pars même pas de chansons, j’ai juste peur qu’il se rapproche. Je m’attache déjà et je veux pas…

Rien à faire c’matin. Ryleigh dort, et j’ai pas envie d’la réveiller sinon elle va m’envoyer balader. Comme je l’aurais sûrement fait si elle était venue me réveiller. Mais putain, il est 12h30 ! C’est plutôt l’monde à l’envers, parce que d’habitude à cette heure-là, j’dors, et elle est levée, et elle fait des tonnes de bruit pour faire exprès d’me réveiller. En plus, après elle prend son air innocent, genre « Oops, pas fait exprès ! », c’est ça ouais ! Bref, j’suis debout, et j’suis prêt en plus… J’veux sortir, mais j’sais pas trop où aller… J’imagine que j’vais encore passé une journée à squatter dans la ville comme un sans abri, et à me faire dévisager. Comme si hier au bar c’était pas assez, avec tous les gens que j’servais qui me regardaient de travers et qui parlaient tout bas après. Bref, j’m’en fous, j’suis trop habitué pour me laisser abattre par ça. J’passe devant un miroir que Ryleigh a acheté dernièrement avec mon argent, bien sûr. Il est plutôt bien, et j’ai l’air vraiment pas mal non plus.

Pas avoir de voiture, c’est chiant, extrêmement chiant. J’ai pas encore assez d’argent pour ça. Et de toute façon, à voir leur état, j’en veux même pas, ça me motive pas. J’préfèrerais même avoir un vélo, quoi qu’ils sont encore plus laids. J’prends les clefs de l’appartement et j’me dirige vers la porte d’entrée.

« RYLEIGH, GROSSE PARESSEUSE. LÈVE-TOI, IL EST 12h30… TU VAS ENCORE FOIRÉ TA JOURNÉE EN T’LEVANT TROP TARD, GENRE À 16h. »
« LA FERME ! POURQUOI TU M’RÉVEILLES ? »
« PARCE QUE TU ME L’A DÉJÀ FAIT. HAHA. JE T’AIME. J’SORS, À PLUS. »
« EH… »

Pas le temps d’entendre c’qu’elle dit, j’suis déjà dehors et j’barre la porte. J’salue les voisins, parce que ouais, ça m’arrive d’être courtois. J’sors entrain de l’édifice, et j’commence à regarder autour de moi. J’ai mes lunettes de soleil Dolce & Gabbana, ça existe sûrement pas encore ici. Et encore une fois, sans le vouloir, j’vais me faire dévisager. Tant pis, j’vais pas changé de style rien que pour ça, c’est bien trop ridicule et j’tiens pas à ce que Leigh se moque de moi. J’marche lentement et j’sais pas où j’vais. Sûrement explorer le bout de ville que j’ai pas vu toutes les fois que j’suis sorti. Y’a des gens dans la rue qui acceptent carrément pas de me parler à cause de ce que j’ai l’air. Ils sont pas contents ? Qu’ils aillent se faire foutre, j’en ai rien à faire d’eux, moi. J’suis pas là pour eux, et encore moins parce que j’veux l’être. J’ai mon portable, sauf qu’il fonctionne pas bien du tout, tout c’que j’peux voir c’est l’heure, et ça me sert presque à rien, parce que de toute façon, j’ai pas d’heure pour faire quoi que ce soit.

Faudrait que j’vois c’que j’peux acheté qui va me faire paraître moins bizarre aux yeux de tout le monde, comme ça ils vont enfin se mêler de ce qui les regarde et me foutre la paix. J’continue de me promener, sans vraiment savoir où je vais. J’m’y retrouve quand même assez bien quand j’arrive à garder la trace de l’endroit où je vais, sinon, c’est foutu et j’dois toujours demander mon chemin…

J’sais pas si c’est moi, mais dans un magasin de musique, j’vois une chevelure blonde, un corps assez… Magnifique, et des mains en l’air entrain de se déhancher. Pourtant, j’me souviens avoir vu cette silhouette quelque part. J’doute de moi, ce qui est rare, mais j’ai vraiment besoin d’avoir le cœur net, j’veux savoir si la fille que j’vois dans le magasin est vraiment celle que j’ai rencontré au American Coffee l’autre jour. J’rentre dans le magasin, sans vraiment me faire remarquer – pour une fois – et j’continue de marcher vers elle… Décidément, cette ville est vraiment petite, et j’suis vraiment chanceux. C’est elle, Kelsey, la magnifique blonde que j’ai rencontré sur son lieu de travail. Celle qui m’a rembarré aussi vite, et tout ça pour quoi ? Parce qu’elle est fiancée. Mais… J’veux pas qu’on soit plus qu’amis – c’est faux, j’arrête pas de penser à elle – mais, si elle est fiancée… J’peux rien faire. A moins que… Non, j’suis pas assez salaud pour faire ça. Mais le fait que j’aie couché avec ma belle-mère dans le passé – parce que ouais, ça au moins j’suis sûr que c’est dans le passé – prouve pas que j’suis une bonne personne non plus. On dirait presque que Kelsey l’a repéré et qu’elle m’évite parce que… Je l’intimide ? Ou peut-être parce que son fiancé est le grand Caleb Kingston – faut croire que les gens parlent beaucoup, et très fort. Comme si j’avais peur de lui. Il a beau être riche et tout, s’il a pas le charme qu’il faut, et que c’est pour ça que Kelsey m’évite, va sérieusement falloir remédier à la situation. Bref, elle est toujours entrain de danser, et bordel, elle est trop sexy quand elle se déhanche comme ça… J’crois qu’elle va finir par me remarquer, mais j’voudrais pas non plus la brusquer.

[…]

Oops. Elle m’a remarqué, elle vient de pousser un cri assez… Strident. J’suis si laid que ça ? Haha. Non, plus sérieusement, je sais pas pourquoi elle a crié comme ça. Je faisais que l’observer pendant qu’elle écoutait de la musique et qu’elle se déhanchait comme si elle avait fait ça toute sa vie, sans qu’elle le sache, c’est tout. Bon, peut-être que ça peut porter à confusion et tout, mais j’avais aucune intention derrière la tête… Elle me lance un regard assez méprisant. J’ai presque envie de dire : « ouch. » Mais ça serait trop beau, alors j’me retiens et je lui souris. J’vois des larmes couler. Elle pleure ? Mais pourquoi ? Ouais, bon, finalement, j’suis vraiment un monstre… Bref, elle prend ses trucs et elle se dirige vers l’entrée en me lâchant sèchement : « dégage ».

« Merci, c’est trop gentil… J’suis content d’te voir moi aussi, Kelsey. Comment tu vas depuis la dernière fois ? T’aimes ta vie ? J’suis sûr que ça doit être le pied, n’est-ce pas ? »

Pourquoi j’déblatère autant ? Peut-être pour la déstabiliser. C’est qu’elle est méchante, Kelsey, et qu’elle me fait presque de la peine. Ouais, de la peine à un gars comme moi, ce serait trop beau, hein ?

J’ai jamais été une couche-tard mais je suis depuis mon plus jeune âge une lève-tôt. Est-ce difficile à comprendre parce que parfois, je dors avec Caleb, je me réveille autour de 9 heures du matin alors que lui grogne contre le fait que je me lève tôt. C’est agréable de voir le lever du soleil vers 5 ou 6 heures, Caleb lui grogne comme quoi il aime pas que je fasse du bruit, à croire que je suis bruyante. C’est pas vrai du tout c’est juste lui qui a le sommeil léger et moi qui suit une insomniaque. Bref, j’aime pas dormir, ça prend trop de place dans ma vie. J’aime marcher, prendre du temps pour moi dans une forêt mais ça veut pas dire que j’aime pas aller magasiner des vêtements… Jess’ adore sortir avec moi, elle préfère m’habille comme une poupée (!!!) que de sortir seule. Quand je lui demande pourquoi elle essaye rien, elle rit et ne répond même pas. C’est à croire que ça lui plaît comme ça et moi bah… je me fais à la situation. Parfois je tente de la convaincre d’essayer des vêtements mais bon, j’arrive pas à grand chose sauf à un regard noir.

Aujourd’hui, pas de question de faire du shopping, pas envie de jouer à la poupée. Je suis belle, grande et blonde mais c’est pas la raison du pourquoi je jouerais à la poupée. Je repense à Caleb qui m’a donné rendez-vous ce soir pour le souper, j’ai mortellement pas envie d’aller là. Jessica est persuadée qu’elle va m’habiller de façon à ce que tout le monde me remarque de façon positive, évidemment. Tout à l’heure je l’avais appelée avec le téléphone du magasin et elle m’avait dit : « T’inquiète pas! J’ai trouvé le morceau idéal… » « Ah! C’est quoiii? » « Tu verras! C’est magnifique! » Ouais bon… Je m’inquiète pas, j’ai juste peur de quand j’ai mentionné à ma sœur que j’aimais bien Marilyn Monroe… Et LE morceau parfait pourrait être une robe donc je reste sur mes gardes. Quoi que… J’en ai déjà une à la Marilyn chez moi et ma sœur et moi on s’amuse à prendre des photos avec, amusant.

Il me sourit. Mais zut alors! Pourquoi il me sourit gros bêta! Il sait que j’ai un fiancé, je lui ai dis. Et ce fiancé est le plus puissant de la ville, les divorces sont mal vus et faut faire avec. Je le regarde, flûte! Il se souvient de mon nom… J’ai de la difficulté à me remémorer le sien mais quelle importance ça a? Je l’aime pas et je l’aimerai jamais. Il me questionne mais qu’est-ce qu’il veut à la fin? Il me demande comment je vais mais je sais pertinemment qu’il s’en fout! Si j’aime ma vie? Bon, c’est sur qu’elle me plaisait davantage quand Caleb ne m’avait pas forcé à nous fiancer! Et quand mes parents ne me forçaient pas la main, je veux dire… Je fronce les sourcils, son expression est vulgaire. C’est injuste. Je me retourne vers les vinyles, je vais l’ignorer jusqu’à ce qu’il parte et si il comprend pas, c’est moi qui va dégager.

On est au beau milieu de l’après-midi, il m’agace pertinemment, je peux pas rien faire sans qu’il me suive et il est fou. Il s’habille comme s’il venait d’une autre époque ou d’un autre pays, c’est vraiment pas beau ce qu’il porte et ses lunettes sont ringardes! J’ai vraiment pas envie de le voir je voudrais que Caleb vienne, qu’il me sert dans ses bras en disant que tout va s’arranger, que Andy, je crois que c’est ça, va repartir d’où il vient et même si j’aime pas Caleb, tout va s’arranger. On va bientôt se marier et … tout va bien aller. Voilà. Je lève la tête vers lui puis je soupire doucement.

Kelsey- Est-ce que tu pourrais me laisser tranquille, s’il-te-plaît ?

J’abandonnais. J’allais être gentille avec lui jusqu’à ce qu’il me laisse tranquille, c’était un cas désespéré et il semblait vouloir s’acharner un peu trop à mon goût… Je suis fiancée, j’ai des amis, une famille, j’ai pas besoin de lui pour me rendre heureuse même si je ne le suis pas en partant…